2012 a commencé assez « contrariamment« , limite « fessrougeammant » en #France, mais il faut rester optimiste, comme l’ours blanc cultive son jardin sur son iceberg fondant en attendant le passage d’un paquebot Costa ou d’un ferry Seafrance. De toute façon, what else ?
La guerre (économique, ça fait moins de bruit mais autant de fureur et on en meurt de mort plus lente mais c’est aussi définitif) est assez mal engagée sur la terre de France. Du Nord (mise aux enchères des métiers à tisser de Textiles de France en faillite) au Sud (chronique de la fin annoncée de Béatex, dernier fabricant de bérets en France, qui dépose le bilan cette semaine) en passant par l’Est (Gandrange, no comment, entre promesses des uns qui n’engagent que les autres et instrumentalisations de tous surtout en période électorale, c’est une minute de silence qui s’impose) et ce n’est pas la fermeture de la raffinerie Petroplus plus ou moins à l’Ouest qui va faire baisser le prix de l’essence ou flotter la TIPP.
Sur mer, c’est presque pire, on est remonté de Trafalgar à Calais mais « that’s just geography » comme dirait Pretty Woman et quand bien même n’y aurait-il pas plus de proue d’adversaire en mer que d’hélice à la poupe de notre porte-avion, on se saborde comme à Toulon chez SeaFrance et ailleurs où l’on construit (encore), répare (le moins souvent possible), charge (en principe) ou décharge (entre deux grèves) des navires tant bien que mal face aux concurrents rarement manchots. Et ce n’est même pas la peine de se réjouir du trophée Jules Verne surement formidable mais quand il n’y a que des français sponsorisés par une banque française en course, c’est rarement une épreuve très essentielle pour l’emploi un peu réel ou l’audimat un peu international que le ruban bleu du ridicule du naufrage du France (dont on annonce un successeur qui serait assemblé en France pour bénéficier de subventions empruntées aux marchés et assurer l’avenir de l’humanité qui préfère l’amour des pâtes aux truffes en mer) vienne d’être conquis par les Italiens avec leur #Concordia (pas made in France, ça se saurait), d’autant que des étrangers auraient vite fait de confondre Concordia et Concorde et de mourrir de rire sur un malentendu, faute de Titanic sérieux pour au moins couler avec panache (se noyer dans un promène-couillons géant(s) à 100 mètres de la côte toscane par beau temps, c’est presque aussi pathétique que de saborder une flotte comme un pays exemplaire par mauvais temps ou de s’électrocuter dans son bain comme un chanteur populaire d’antan, honni soit qui penserait pédalo ou navigation par petit temps …).
Dans les airs, c’est pas gagné non plus. Pour les avions, c’est pas loin d’être plié : on a encore une chance de rester fournisseur des Allemands sur certains trucs pour des Airbus assemblés à Hambourg ou Tianjin, mais il faudra se battre pour rester parmi les sous-traitants de 1er rang dont le destin intéressera assez le donneur d’ordres pour qu’il fasse un peu attention à la date de paiement des factures et pré-finance quelques recherches et développements de PME compétitives, ETI d’exception ou Startups innovantes quand il ne peut pas faire autrement ; quelqu’un de bien (intentionné ?) va peut-être finir par acheter un Rafale ou autre Concorde 2.0 si on lui prête l’argent à prix d’ami AAA et si on lui vend l’usine à prix délocalisé et la techno pour le Franc symbolique mais encore faudrait-il que les contrôleurs aériens ne soient ni en grève, ni en RTT, ni en pré-retraite dorée le jour du décollage de l’avion ; et Air France n’aurait une chance de s’en sortir entre le marteau des low-costs et l’enclume des acheteurs de flottes de 380 des Emirats et autres BRICS que si la compagnie était capable de sauter 3 marches d’un coup pour à la fois se dé-scléroser en passant au 21è siècle comme Lufthansa et British question salaires des steward, avantages des pilotes et formation CRM aux placardisés qui vous expliquent à Roissy en regardant leur montre pour voir si ce ne serait pas l’heure de la pause café syndicale que c’est parce que votre Samsonite qui a fait 10 fois le tour du monde n’est pas de l’année que sa poignée a été arrachée et que de toute façon la compagnie n’est pas responsable, pour trouver un truc pour ne pas se faire expulser du rémunérateur traffic business grandes lignes sur lequel les Emirates et consorts qui ne payent pas trop le cher leur kérosène et ont construit des hubs parfaits juste entre l’Asie, l’Europe et les Amériques commencent déjà à tailler de sérieuses croupières malgré Schipol et les vieux contrats à terme sur le kérosène à bout de souffle, et surtout pour prendre un coup d’avance sur tous les autres transporteurs d’Asie et d’ailleurs qui ont commandé des centaines d’avions neufs et n’attendront pas le déluge pour concurrencer Air France sur tous ses marchés un tant soit peu rémunérateurs (parce que même si on est plutôt du bon côté du manche comme client et pas fournisseur d’un constructeur d’avions, les temps changent vite mais certaines choses ne changent pas et si on ne va pas à Lagardère à temps, on se prend une b…otte où l’on devra panser sans avoir eu le temps de dire « ouf’). Pour les fusées, les satellites, la TV et les autres trucs qui coûtent plus cher qu’un parapente, on a encore des ingénieurs, des techniciens, des citoyens travailleurs et des clients patriotes de tous rangs assez désintéressés pour ne pas devenir mercenaires et assez passionnés pour ne compter ni trop les heures, ni trop les jours de récup’, ni trop les zéros, quelques machines à coudre et des fabricants de textiles ultra-techniques qui n’ont pas encore délocalisé, mais il faut urgemment cultiver son jardin, fut-il suspendu (Ô Temps, suspend ton vol …).
C’est fini … pour aujourd’hui, jusqu’ici tout va bien, ou presque, et un choc de compétitivité se prépare à avalancher de l’Elysée nos sommets, genre qui va faire trembler le monde et que tous les concurrents, sûrement assis sur leur banc en attendant que les Français retrouvent la clef du dialogue social hangar des taxis de la Marne, vont en rester bouche bée quelques secondes avant d’éclater de rire comme à chaque fois qu’on fait un Grenelle, un Concorde ou un projet de loi.
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© 17/1/2012 – Renaud Favier – (Comp&titivité) – renaudfavier.com – musique !
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Retour vers les e-books à (re)lire en 2012
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Retour vers café du matin à Paris qui est un des rares trucs qui ne réserve pas de mauvaise surprise en 2012, sauf si on espère du prêt-à-penser traduit en langue de bois dont on fait le pipeau en saison électorale.
Retour vers un excellent 2012 tant qu’il est encore conventionnel de le souhaiter.
Et surtout, bonne compétitivité (durable, forcément durable, sinon c’est moins bio pour l’emploi et l’innovation et l’exportation et toute l’intendance qui suit, ou pas) en 2012, pendant que c’est à la mode dans les discours.