
Les Club-Meds sont au tapis et l’Euro(pe) inquiète un peu, d’autant que tout le monde se demande jusqu’à quand l’Allemagne paiera … mais jusqu’ici, tout va bien en France. Ah ça ira … en tout cas tant qu’on aura de bons amis serviables et qu’on gardera le sens de l’humour.

C’est Chabadabada comme depuis au moins un siècle (et quelques G20), à Deauville.

Business as usual, à part quelques cambriolages de parcs à huîtres, en Bretagne

Le vent est bon à la Baule.

La vague est parfaite, ça farte à Arcachon.

Et les chateaux de la Loire sont über-photogéniques sous un temps un peu romantique.

Et puis, à toute chose malheur est bon : comme on n’a plus de budget pour entretenir les Canadair et que les pompiers du ciel de Marignane ont engagé un dialogue social à la française, un peu de pluie tombe bien.

A toute chose, malheur est bon, comme on s’inquiète un peu pour le pouvoir d’achat, c’est bien de pouvoir s’offrir des vacances au bord de l’eau à pas trop cher.

Bref, tout va raisonnablement bien en France (à part ce petit doute sur les conditions de production de la purée de tomate livrée par containers géants à l’usine provençale de transformation en coulis et sauces qui faisait vivre pas mal d’agriculteurs locaux avant et qui assure dorénavant des débouchés aux producteurs chinois et des dividendes idem avec accès aux marchés français et européens sous label « Provence » en un genre de rétrocolonisation un peu agaçante, mais comme de toute façon il faut s’habituer aux pâtes sans beurrre parce qu’il faut bien que quelqu’un paye les régimes privilégiés, ni fromage parce qu’on a ruiné les producteurs de lait et sans chicken-sauce parce que non seulement on a ruiné nos descendants mais il suffirait qu’on doive payer des taux « normaux » sur le rollover de notre dette et ça deviendrait très compliqué pour payer le billet de train de M. Montembourg jusqu’à l’usine Doux).

Ceci dit, on se fait toute une montagne de la crise, mais avec un sommet européen par mois, un G20 par trimestre et un quantitative easing de temps à autres en Amérique, c’est no souci, fingers in the nose, il suffit de continuer à faire discrètement grimper l’inflation pour tout le monde et les impôts pour ceux qui en payent sans trop secouer l’arbre bancaire et le gros de la tempête sera passé sur les marchés sans tsunamiser la bourse ni devoir baisser les indemnités parlementaires ou cesser d’attribuer les logements subventionnés avec dérogations plus ou moins inqualifiables (en attendant qu’on ait trouvé avec quel argent et par quels entrepreneurs pas encore en faillite en faire réparer ou fabriquer de nouveaux, fermer le ministère du logement et faire gérer le sujet par quelqu’un en charge de dossiers du même genre type affaires sociales permettrait déjà d’économiser trois sous et de réduire le potentiel de cacophonie intra-gouvernemental, quitte à devoir fermer un autre secrétariat d’état pour préserver la parité juste).

Bien sûr, on ne sait pas très bien si nos banques passeraient encore les tests de résistance (à l’utilité réelle genre radars pédagogiques), pas très (ou trop) bien ce qui va se passer pour elles et leurs clients avec Bâle 3 et pas du tout à qui elles appartiennent maintenant que comme on n’a pas de fonds de pension et plus trop de goût pour le risque boursier les étrangers plus ou moins bien intentionnés ou français exilés sous faux nez de paradis fiscaux ont pu rafler en bourse tout ce qui avait un peu d’intérêt qu’elle valent en bourse à peu près le prix à la casse des voitures de fonction des cadres et les emplacement des DAB qui ne sont pas loués ou hypothéqués (dont, by the way, on peut se demander s’il est bien raisonnable que chaque communauté urbaine de 3000 habitants, qui n’a plus de boucherie et dont la boulangerie fait le tri du courrier postal à temps partiel et point de dépôt pour la Redoute et les 3 Suisses, en ait un de chaque banque sur la place du village pour que les citoyens puissent tirer de quoi acheter leurs billets de loto, de PMU, de gratmoildos ou autre impôt volontaire pour ceux qui n’en payent guère d’autres) mais ce n’est pas chez nous qu’on tripatouillerait le Libor, qu’on bidouillerait avec l’Iran, qu’on blanchirait des carabistouilles ou qu’on gaspillerait en quelques clics de quoi racheter PSA et Doux d’un seul chèque.

On a un petit problème avec l’automobile, certes, mais globalement, l’industrie pollue beaucoup moins que quand on avait des usines, on consomme beaucoup moins d’essence à l’heure de circulation que quand on pouvait rouler à Paris et avancer sur les autoroutes, et on a beaucoup moins de contrariété que s’il y avait encore des rentiers patriotes ou des salariés supérieurs qui pouvaient se payer ou se faire offrir d’agressifs Panzers de ville ou limousines de course made by Germany (immatriculés dans un pays de résidence à fiscalité favorable et absence d’accord de transmission des amendes, de préférence) plutôt que de sages familiales et citadines françaises fabriquées au Maroc, en Espagne, en Turquie ou ailleurs où le coût du travail permet d’abaisser le prix de vente d’une bagnole de quelques centaines d’euros, ce qui n’a absolument aucune importance pour les parts de marché ou la compétitivité -l’option GPS ou clim’ est facturée bien plus- , mais où le droit et le goût du travail ajoutés à quelques subventions locales et européennes permettent de produire à peu près comme les usines en Europe des concurrents Coréens, Chinois et Américains (les Allemands et les Japonais, c’est autre chose, comme ça fait 40 ans qu’ils fabriquent d’excellents bagnoles solides qui se dévalorisent plus lentement que les nôtres et que Volvo a peu ou prou disparu du radar, ils ont une clientèle solvable fidélisée qui s’ajoute à celle des nouveaux amateurs de symboles de virilité sociale).

L’arroseur arrosé des frères Lumière, c’était quand même plus civilisé
Et la voiture (allemande) reste un bel objet de convoitise et de plaisir, en France.

On a un petit problème avec les poulets, depuis le naufrage de Doux et les normes de production pour les blancs de poulet congelés et les oeufs. Mais c’est quand même moins ennuyeux que quand on avait des fermes à la campagne avec des coqs qui réveillaient le week-end les joueurs de golf venus en voiture allemande ou suédoise, et des oeufs qui n’avaient pas tous la même taille ou dont les coquilles n’avaient pas rigoureusement la même couleur au désespoir des mômes bien peignés des joueurs de golf en voiture allemande ou suédoise.

On a un petit souci avec les moyennes entreprises qui ne sont pas assez grosses, les startups qui ne grandissent pas et les petits commerces qui vont moyennement, mais ça fait des siècles que ça dure, que les patrons râlent pendant les campagnes électorales mais qu’ils se débrouillent jusqu’aux élections suivantes et achètent quand même des voitures de fonction allemandes ou suédoises, des clubs de golf japonais et des fringues anglaises ou italiennes.

Bref, cet été, tout va raisonnablement bien, même s’il y a toujours comme une fracture, dans ce pays.

Et s’il faut quand même garder un oeil sur les banquiers anglo-saxons pendant les vacances.

Mais du moment que le couple franco-allemand va, tout va.

Quant aux couples franco-français, rien de nouveau sous le soleil, on s’est toujours enguirlandés sur le choix du lieu de vacances et en faisant les bagages, ça n’a jamais empêché le pays la Seine de couler : fluctuat, ner mergitur, comme on disait à Paris-Plages quand les mômes avaient une heure de latin par semaine en 6ème.

Le seul vrai sujet de préoccupation (hors « Bang », cf infra), c’est avec les politiciens et dirigeants français (zélus et autres zélites) : qu’ils perdent leurs cheveux comme ça est quand même le signe qu’ils sont un peu préoccupés, et ça ne peut pas être seulement parce que Jospin et Bachelot écrivent (bénévolement, honni soit qui penserait que des fonctionnaires et autres retraités privilégiés cumuleraient) à 4 mains un rapport sur la moralisation de la vie publique.

Les scientifiques pensent avoir découvert pourquoi les politiciens français font toujours leurs discours debout et gardent généralement leur veste de costume en vacances et une chemise à la plage
Jusqu’ici, tout va bien en France ce matin (à part ces petites émeutes à Toulouse, cette histoire de saccage d’un studio TV par des sportifs olympiques « exemplaires » et ces dénis sur la récession, l’austérité et quelques autres évidences économiques et industrielles, qui deviennent aussi maladifs que celui sur le AAA en son temps) sur Twitter. Enfin, presque tout.

J’ai aimé une vidéo @YouTube http://youtu.be/jHPOzQzk9Qo?a Monty Python – Always Look on the Bright Side of Life
RF – 14 août 2012