Cette réforme des retraites, c’est plutôt comme la retraite de Russie, ou les emprunts russes ?

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Crédits : Mix & Remix

L’inquiétude pour la retraite touche tous les Français, qu’ils en méritent une, ou pas, qu’ils puissent compter sur des privilèges plus ou moins indécents, ou pas, qu’ils aient une vision lucide de la situation des divers régimes, ou pas, qu’il y ait des pseudo-réformes et des votes plus ou moins bloqués, ou pas.

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Crédits : Grémi

Avant, c’était déjà très flou, avec le tabou du binz par répartition impossible à réformer, et des centaines de régimes spéciaux, d’avantages particuliers, et d’injustices criantes, mais ça marchait, cahin-caha, d’autant plus facilement que les retraités heureux au soleil ou en banlieue Ouest n’étaient pas très revendicatifs, tandis que les autres n’avaient même pas les moyens de se payer un billet de bus avec supplément fauteuil à roulette en bagage accompagné pour aller manifester.

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Crédits : Delambre

Mais c’était avant.

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Crédits : BirdsDessinés.fr

Maintenant, ça devient préoccupant.

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Crédits : BirdsDessinés.fr

Maintenant, on a le vote bloqué pour une n-ième réforme(tte) « pour l’équilibre du système dans la justice et la responsabilité financière » : ça sent la retraite de Russie, pour tous les grognards de France qui seront, parce qu’ils ont été chômistes durables, ou parce qu’ils ont bossé une partie de leur vie dans des conditions un peu hors norme (conjoints non salariés, expatriés, contractuels des employeurs publics, commerçants, agriculteurs …), mais un peu plus, ou un peu moins de dette hors-bilan (la dette en bilan va tranquillement vers les 2000 milliards, la dette publique hors-bilan, genre retraites, est en mode TGV vers les 3000 milliards, le total de 5000 milliards représente donc moins de 100 000 euros par citoyen de zéro à 177 ans, une paille) ne va pas ébranler plus la République que toutes ses autres dérives et tous les scandales qu’elle s’offre, pas inquiéter ses créanciers plus que tous les autres délires de Bercy et toutes les coûteuses fantaisies qu’elle offre à voir au reste du monde, ni faire lever un sourcil aux agences de notation qui ont déjà les yeux exorbités mais auxquelles le FMI, et quelques autres responsables de la survie du monde tel qu’on le connait et de l’Europe en paix, ont recommandé de se coudre les paupières fermées.

Maintenant, ça commence à sentir sérieusement l’emprunt russe pour tout le monde, même pour les pépères privilégiés avec des régimes spéciaux, des chapeaux dorés ou la Préfon, parce que croire que les impôts des derniers citoyens et entrepreneurs créant de la valeur imposable en France (on appelle ça le « consentement à l’impôt », maintenant), les taxes sur les visites dans les musées publics ou les boites privées à professionnelles, ou les dividendes des participations de l’Etat et de la BPI dans des boites à la ramasse parce que dirigées par des détachés de Bercy, ou optimisant fiscalement encore mieux que les filiales en France de boites étrangères les mieux conseillées par des défroqués de Bercy, vont suffire longtemps à gager les emprunts servant à payer les dépenses courantes, les investissements rarement productifs, et les retraites, c’est aussi farfelu que penser que les génies nationaux du plan numérique seront plus surdoués que leurs prédécesseurs du national-génial Plan Calcul, que le traitement socialiste 2.0 du chômisme hasardeusement expérimenté maintenant sera plus efficace que le traitement social du chômage pratiqué depuis mai 81, que Hollande allait aux cours de finances à l’ENA ou aux TP de RH à HEC, ou que Montebourg est capable de faire autre chose que de continuer à rater le grand oral comme depuis qu’il a planté le concours de l’ENA (quand on voit les lapins crétins qui en sont anciens élèves, on a du mal à comprendre comment on peut rater si on a bachoté dans les bonnes écuries, survolé les quelques bouquins obligatoires, et appris par coeur quelques éléments de langage rassurants pour le jury, mais personne n’est à l’abri d’un jour « sans », d’un délit de grande gueule, ou d’un coup de pas de chance).

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Crédits : Spinga

En tout cas, ça doit être sacrément compliqué, pour que personne n’arrive à réformer, dans un pays où on a les meilleurs fonctionnaires du monde, les politiciens les plus professionnels du monde, les patrons les plus visionnaires du monde, les syndicats les plus coopératifs du monde, bref les meilleurs partenaires du dialogue social le plus productif du monde.

Crédits : Babouse

Et gager les retraites sur l’exit tax, histoire de solidariser les vivants et les chers disparus ?

Crédits : Jitlo

Réformer, en/la France c’est compliqué … mais what else, Madame la ministre du gouvernement provisoire ?

Crédits : inconnu

Allez France !

Renaud Favier – 26 novembre 2013 – Café du matin à Paris – Compétitivité – English

Frenchonomics     Compétitivité 2012 couverture

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