
Personne de sensé ne croit une seconde que la couleur politique du maire de Paris influe en quoi que ce soit la capacité à flotter sur ses vieux ors de la métropole capitale musée de la France qui coule en sonnant du cor de chasse en scooter, ni que le rattachement de l’équipe municipale à tel ou tel club de professionnels de la politique régionale ou nationale puisse changer la donne pour l’horaire de ramassages des ordures, la vitesse moyenne de circulation dans les embouteillages, la recette moyenne dans les hôtels pour étrangers et/ou partouzards et autres lieux de vi(c)e pour VIPeople noctambules pas trop dans le besoin, ou le taux d’incongruités respirées, entendues, vues, avalées quotidiennement par les mômes en maternelle de maintenant.

Mais si les citoyens d’île de France en général, et les électeurs parisiens en particulier, étaient des gens sensés, on le saurait depuis longtemps : on ne croiserait pas tant de bar(b)ons, fils de bar(b)ons et petits-enfants de bar(b)ons dans les couloirs des palais municipaux et sur les panneaux électoraux ; on n’élirait et ne ré-élirait pas tant d’incapables, conjoints d’incapables et proches d’incapables parachutés au Conseil de Paris et dans tant d’autres sinécures municipales où une indemnité de deux ou trois SMIC s’ajoute aux privilèges en nature sans aucune contrepartie, ni présence exigée ; et les communicants, porte-paroles et groupies militantes pour compte de tiers « chefs de file » (on dit comme ça, maintenant, pour ne pas avoir à expliquer entre deux portes ou sur un marché pourquoi la personne dont on voit la bouille sur la photo est en queue de liste dans l’arrondissement mais pourra néanmoins se la couler douce au Conseil ou dans un autre bon fromage municipal) ne perdraient pas leur temps pour distribuer des tracts que personne ne lit, heureusement tant ils sont tout juste du niveau de ceux des marabouts de quartiers.

Ceci twitté, on aura 6 bulletins de vote possibles à Paris en mars, du plus sérieux au plus fantaisiste, à très gros traits :
Anne Hidalgo : no comment, la mama barbapapa a suivi de bons cours de diction, a une feuille de route « à la Hollande » genre « capitaliser calmement sur les 55 ou 60% de résidents en appartements sociaux et bénéficiaires de parking ventouse pas cher dans la rue acquis à la gauche plurielle après la mort ou l’exil de tous les riches et petits riches parisiens pas inscrits dans la circonscription de leur résidence secondaire, pas d’aspérité, clientélisme soft, et refus du combat frontal quitte à « perdre » les débats TV qui n’ont aucune importance sur des chaines que personne ne regarde », et elle passe plutôt bien avec son conjoint inexistant genre monsieur Merkel, son appart’ juste classe moyenne sup’ sans gadgets de hipster, ni souvenir de baba-cool, ni Télérama sur la table du salon, et ses fringues et cheveux maintenant juste comme il faut. Pour Anne, ça roule cool.

Peu importe que l’on ne sache pas où l’on va, si on y va avec détermination
Bébé Sarko NKM : que dire de la Versaillaise sans se mettre à dos la susceptible polytechnicienne et tous ses congénère bien nés, bien diplômés et bien protégés, sans se faire des ennemis irréductibles parmi les sarkozistes de tous âges (il en existe de jeunes …) et les promeneurs de chiens dans les beaux quartiers de la vieille droite gentille et pas trop malhonnête mais mollasse et hasbeen depuis que le RPR a fait surfer Giscard pour tuer Chaban et finir ses jours avec Chirac, genre Fillon-Bayrou (dont l’éternelle égérie a rejoint le camps des Versaillais pendant qu’il se demandait s’il n’allait pas se Pacser avec Hollande Bidochon après avoir failli épouser Ségo Chabichou), ou risquer un procès en diffamation de son coiffeur, de ses conseillers en com’, ou du producteur des concerts pour vieux de Carla Bruni ? Bébé Sarko a du mal, et s’en donne, comme écrivaient les profs d’avant dans les bulletins d’élèves besogneux mais limités.

Zyva !
Comiques du Front des gauches. Que dire de la blonde chefesse de file de chez Mélenronchon sans briser le coeur de tous ces Biobos Parisiens pas si ballots qui en ont marre des usual suspects, ont compris que les « verts » français sont des « fakes », aiment bien le slogan « Qu’ils s’en aillent tous ! », cherchent un vote protestataire pas délirant (donc pas les nano partis anti-UE des droites genre le petit truc du gendre idéal de province Dupont-Feignant ou pires chasseurs de voix dans les clubs de bridge, et gauches du temps des usines et des étudiants qui fumaient, et autres restes des cauchemars trotskistes), mais préfèrent voter pour un énarque de plus de 60 ans ayant été ministre parce que c’est rassurant comme une 4L ou une 404 première main héritée d’une vieille tante à garage chauffé ?

Débris du FN : comment expliquer que le FN ait parachuté de Picardie un cacochyme sosie bègue jamais vu à la TV du patron de Total, avec pied à terre en banlieue ouest et tailleur auto-entrepreneur retraité de chez Old England, si ce n’est par un genre de deal avec l’UMP, le FN s’abstenant de combattre à Paris en échange d’une paix armée, voire d’un soutien passif dans des provinces du Sud-Est ou d’ailleurs gagnables par le Front de Droite ?

EELV : ràs, le jeune qui porte le drapeau #EELV a l’air plutôt sympa, mais avoir comme principale promesse de libérer Paris du Diesel quand l’alternative est nucléaire, ça ne marche pas trop, et que reste-t’il comme base électorale à des gauchistes anars phagocytés par le PS et débordés par le FDG jusque sur l’écologisme, grignotés côté biobos des centres depuis le ralliement de Corinne Lepage à François Hollande, puis Anne Hidalgo, et même pas en monopole sur les homos de droite depuis que NKM drague dans le Marais. En plus, les vieux apparatchiks planqués à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen donnent une image déplorable d’inefficacité bureaucratisée du mouvement « Vert » à la française, tandis que les quelques fonctionnaires de l’agit-prop recyclés dans la défense de Snowden ou la lutte anti-ACTA sont tellement inutiles qu’ils ne seront même pas tous ré-investis en 2014.

Foufou des beaux quartiers. Soyons charitables, c’est habile, compte-tenu de son niveau de QI, de la part du frère Beigbeder qui ne sait pas écrire d’avoir compris qu’il n’avait aucune chance en parachuté dans le XIIè arrondissement populaire où son chauffeur ne trouvait jamais de place de parking pour le panzer, et de s’être replié vers le siège du chic VIIIème de ses boites d’investissement dans des terres agricoles bradées par les kolkhozes et assimilés, ou laissées pour solde de tout compte par les paysans ruinés en Ukraine et Argentine, pour essayer d’obtenir une carte de parking toutes zones à Paris et quelques abonnements aux opéras et salles de concert via le Conseil de Paris. Et puis s’il joue le surfeur sous-marin pour le compte de Copé et autres UMPiste de la droite dite « forte », peut-être finira-t’il par être pris plus au sérieux à l’UMP qu’au Medef.

L’ABCD(EF) de l’égalité politique, quand certaines sont infiniment plus égales que les autres, mais font leur spectacle dans la cour de récréation avec les petits, ça devient l’ABCD d’une réalité politicienne pas très sexy, à Paris.

Crédits : Urtikan / Chimulus
Mais what else ?
Renaud Favier – 1er février 2014 – Facebook Café du matin à Paris – LinkedIn
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