Le slip français, après les Lip français, une certaine idée du changement (de slip) en France…

Il serait dommage d’avoir perdu le sens de l’humour au point de ne pas sourire de la campagne … publicitaire d’une marque de slips « made in France » qui surfe joyeusement sur la com des candidats à l’élection (non, pas l’érection, honni soit qui mâle slip pense…) présidentielle.

Non pas que la performance économique de la toute jeune entreprise, qui sous-traite sa production à une petite usine en Dordogne elle même récemment reprise au terme d’une descente aux enfers hélas trop classique dans l’industrie textile française, soit encore à la hauteur des géants globaux de la confection ou en mesure de déclencher une vague de licenciements chez Pôle Emploi, mais les 4000 slips vendus en quelques mois constituent un joli succès d’estime et ont assuré une part non négligeable du plan de charge du sous-traitant. C’est, peut-être, le début d’une aventure d’entrepreneur assez habile pour « rider » sur l’air du temps, et en tout cas une bonne vague médiatique pour un jeune HEC (26 ans) dont le moins que l’on puisse dire est que s’il a usé ses fonds de culottes sur les bancs standards de la méritocratie héréditaire hexagonale, il a osé braver les modes étudiantes en bousculant au passage les conventions vestimentaires. Ce n’est pas « Rasta Rocket », mais c’est cool, man !

Même si on ne peut immédiatement conclure que le bonheur est dans le slip en Dordogne comme il est réputé dans le pré dans le Gers, à tout le moins peut on supposer de la relative proximité géographique (vu de Paris …) qu’un des candidats devrait avoir assez d’humour corrézien pour ne pas en vouloir au jeune entrepreneur d’avoir un peu joué avec son image pour mieux relever l’emploi dans le Sud-Ouest.

Quant à l’autre candidat clairement marqué « Sud-Ouest » et encore plus spécifiquement attaché au « Produire en France », on pourrait même se demander s’il n’aurait pas intérêt à s’approprier le slogan détourné pour redonner de la vigueur à sa campagne un peu ramollie après un départ convaincant, si on n’avait pas le sentiment que le troisième homme manquera un peu d’humour tant qu’il ne sera que bon 5ème dans les sondages.

On ne peut par ailleurs imaginer une seconde que le sénateur candidat des luttes populaires mais de classe, par ailleurs réputé doté d’un des meilleurs sens de l’humour du politicosme même s’il est mis un peu en mode « veille » pendant la campagne électorale, puisse ne pas verser une larme révolutionnaire mêlée d’émotion ouvrière en constatant qu’à un minuscule mouvement (groupuscule ?) près, « le slip français » devient « les Lip français ».

Même le citoyen candidat président, dont les détracteurs considèrent qu’il laisse la France en slip mais les supporters soulignent qu’il a su en protéger avec vigueur toutes les parties, même s’il n’a pas pu faire de miracles, est obligé de reconnaître que ce détournement de son affiche de campagne 2007 est élégant …

… et que celui de l’affiche de 2012 est nettement plus flatteur que ceux que quelques centaines de geeks plus ou moins opposants et plus ou moins talentueux s’étaient amusés à inventer avec l’application internet proposée par les jeunes socialistes, et peut-être même plus … excitant que l’original.

Quant aux femmes de la campagne, parité et égalité de présence média oblige même s’il est improbable que leurs scores soient nettement plus significatifs que ceux des deux messieurs « snobés par les « détourneurs », elle ne sont pas oubliées par la marque qui proposera d’ailleurs « bientôt » une gamme « Pour Elle ».

      

A une exception près, toutes les interprétations étant possibles pour ce qui pourrait s’expliquer politiquement, voire commercialement, mais qui n’en reste pas moins un manque de (radio ?) courtoisie vis à vis d’une femme qui est à preuve du contraire le troisième homme de la campagne et dont même ses (nombreux) ennemis ou adversaires admettent qu’elle « en a dans le slip ». Mais une très petite entreprise n’a pas les moyens de s’offrir toute la communication qu’elle souhaiterait et c’est peut être juste une négligence bien compréhensible pour un dirigeant de PME par définition occupé à gérer les urgences au four et au moulin, à s’occuper de l’intendance, des finances et du marketing, entre autres.
Et même du cadrage des photos de promo, parce qu’on sait bien que, avec ou sans le Pen de l’un ou l’autre sexe, tout est dans les détails, quelle que soit la taille ou la couleur du diable slip (ou le pays de fabrication de la machine à coudre, mais il y a prescription) …
Last but not slip, en tout cas, une vidéo complète l’arsenal pour un buzz d’enfer.
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Il serait déplacé, voire de mauvais goût, de souhaiter « bon vent » à l’entreprise à laquelle la bonne humeur sert à l’évidence de Viagra naturel. Et pessimiste, voire de mauvais esprit, de signaler que si jamais le succès commercial venait à s’essouffler, le personnel pourra peut-être se reconvertir dans la maroquinerie de haut de gamme comme les « Lejaby », quitte à devoir envisager des circuits de distribution un peu plus spécifiques pour des dessous en cuir. On peut de toute façon féliciter les parties prenantes à cette jeune réussite française à l’humour un peu gaulois, mais jamais grivois et toujours « So French, so Good Chic ».
    
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RF 1er avril 2012. Retour vers des e-books et autres publications en français qui ont du slip et la dose d’humour réglementaire recommandée par les normes européennes en vigueur pour passer un excellent 1er avril sans avoir les boules.

          
          
         
       
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Il faut rester optimiste (et cultiver son jardin, bien sûr), what else ?

2012 a commencé assez « contrariamment« , limite « fessrougeammant » en #France, mais il faut rester optimiste, comme l’ours blanc cultive son jardin sur son iceberg fondant en attendant le passage d’un paquebot Costa ou d’un ferry Seafrance. De toute façon, what else ?

La guerre (économique, ça fait moins de bruit mais autant de fureur et on en meurt de mort plus lente mais c’est aussi définitif) est assez mal engagée sur la terre de France. Du Nord (mise aux enchères des métiers à tisser de Textiles de France en faillite) au Sud (chronique de la fin annoncée de Béatex, dernier fabricant de bérets en France, qui dépose le bilan cette semaine) en passant par l’Est (Gandrange, no comment, entre promesses des uns qui n’engagent que les autres et instrumentalisations de tous surtout en période électorale, c’est une minute de silence qui s’impose) et ce n’est pas la fermeture de la raffinerie Petroplus plus ou moins à l’Ouest qui va faire baisser le prix de l’essence ou flotter la TIPP.

Sur mer, c’est presque pire, on est remonté de Trafalgar à Calais mais « that’s just geography » comme dirait Pretty Woman et quand bien même n’y aurait-il pas plus de proue d’adversaire en mer que d’hélice à la poupe de notre porte-avion, on se saborde comme à Toulon chez SeaFrance et ailleurs où l’on construit (encore), répare (le moins souvent possible), charge (en principe) ou décharge (entre deux grèves) des navires tant bien que mal face aux concurrents rarement manchots. Et ce n’est même pas la peine de se réjouir du trophée Jules Verne surement formidable mais quand il n’y a que des français sponsorisés par une banque française en course, c’est rarement une épreuve très essentielle pour l’emploi un peu réel ou l’audimat un peu international que le ruban bleu du ridicule du naufrage du France (dont on annonce un successeur qui serait assemblé en France pour bénéficier de subventions empruntées aux marchés et assurer l’avenir de l’humanité qui préfère l’amour des pâtes aux truffes en mer) vienne d’être conquis par les Italiens avec leur #Concordia (pas made in France, ça se saurait), d’autant que des étrangers auraient vite fait de confondre Concordia et Concorde et de mourrir de rire sur un malentendu, faute de Titanic sérieux pour au moins couler avec panache (se noyer dans un promène-couillons géant(s) à 100 mètres de la côte toscane par beau temps, c’est presque aussi pathétique que de saborder une flotte comme un pays exemplaire par mauvais temps ou de s’électrocuter dans son bain comme un chanteur populaire d’antan, honni soit qui penserait pédalo ou navigation par petit temps …).

Dans les airs, c’est pas gagné non plus. Pour les avions, c’est pas loin d’être plié : on a encore une chance de rester fournisseur des Allemands sur certains trucs pour des Airbus assemblés à Hambourg ou Tianjin, mais il faudra se battre pour rester parmi les sous-traitants de 1er rang dont le destin intéressera assez le donneur d’ordres pour qu’il fasse un peu attention à la date de paiement des factures et pré-finance quelques recherches et développements de PME compétitives, ETI d’exception ou Startups innovantes quand il ne peut pas faire autrement ; quelqu’un de bien (intentionné ?) va peut-être finir par acheter un Rafale ou autre Concorde 2.0 si on lui prête l’argent à prix d’ami AAA et si on lui vend l’usine à prix délocalisé et la techno pour le Franc symbolique mais encore faudrait-il que les contrôleurs aériens ne soient ni en grève, ni en RTT, ni en pré-retraite dorée le jour du décollage de l’avion ; et Air France n’aurait une chance de s’en sortir entre le marteau des low-costs et l’enclume des acheteurs de flottes de 380 des Emirats et autres BRICS que si la compagnie était capable de sauter 3 marches d’un coup pour à la fois se dé-scléroser en passant au 21è siècle comme Lufthansa et British question salaires des steward, avantages des pilotes et formation CRM aux placardisés qui vous expliquent à Roissy en regardant leur montre pour voir si ce ne serait pas l’heure de la pause café syndicale que c’est parce que votre Samsonite qui a fait 10 fois le tour du monde n’est pas de l’année que sa poignée a été arrachée et que de toute façon la compagnie n’est pas responsable, pour trouver un truc pour ne pas se faire expulser du rémunérateur traffic business grandes lignes sur lequel les Emirates et consorts qui ne payent pas trop le cher leur kérosène et ont construit des hubs parfaits juste entre l’Asie, l’Europe et les Amériques commencent déjà à tailler de sérieuses croupières malgré Schipol et les vieux contrats à terme sur le kérosène à bout de souffle, et surtout pour prendre un coup d’avance sur tous les autres transporteurs d’Asie et d’ailleurs qui ont commandé des centaines d’avions neufs et n’attendront pas le déluge pour concurrencer Air France sur tous ses marchés un tant soit peu rémunérateurs (parce que même si on est plutôt du bon côté du manche comme client et pas fournisseur d’un constructeur d’avions, les temps changent vite mais certaines choses ne changent pas et si on ne va pas à Lagardère à temps, on se prend une b…otte où l’on devra panser sans avoir eu le temps de dire « ouf’). Pour les fusées, les satellites, la TV et les autres trucs qui coûtent plus cher qu’un parapente, on a encore des ingénieurs, des techniciens, des citoyens travailleurs et des clients patriotes de tous rangs assez désintéressés pour ne pas devenir mercenaires et assez passionnés pour ne compter ni trop les heures, ni trop les jours de récup’, ni trop les zéros, quelques machines à coudre et des fabricants de textiles ultra-techniques qui n’ont pas encore délocalisé, mais il faut urgemment cultiver son jardin, fut-il suspendu (Ô Temps, suspend ton vol …).

C’est fini … pour aujourd’hui, jusqu’ici tout va bien, ou presque, et un choc de compétitivité se prépare à avalancher de l’Elysée nos sommets, genre qui va faire trembler le monde et que tous les concurrents, sûrement assis sur leur banc en attendant que les Français retrouvent la clef du dialogue social hangar des taxis de la Marne, vont en rester bouche bée quelques secondes avant d’éclater de rire comme à chaque fois qu’on fait un Grenelle, un Concorde ou un projet de loi.

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© 17/1/2012 – Renaud Favier – (Comp&titivité) – renaudfavier.com – musique !

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Retour vers les e-books à (re)lire en 2012

            
          

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Retour vers café du matin à Paris qui est un des rares trucs qui ne réserve pas de mauvaise surprise en 2012, sauf si on espère du prêt-à-penser traduit en langue de bois dont on fait le pipeau en saison électorale.

 

Retour vers un excellent 2012 tant qu’il est encore conventionnel de le souhaiter.

 

Et surtout, bonne compétitivité (durable, forcément durable, sinon c’est moins bio pour l’emploi et l’innovation et l’exportation et toute l’intendance qui suit, ou pas) en 2012, pendant que c’est à la mode dans les discours.