C’est peut-être dommage que l’opposition au traité ACTA puisse apparaître, pour l’honnête citoyen internaute de France, comme une sorte d’apéro facebook multi-site pour jeunes anonymous de pays riches agités par les protestataires de service en campagne électorale.
Au mieux on se dit que c’est plutôt sain que la jeunesse (polonaise et plus si affinités) se mobilise pour la liberté et qu’il n’est pas impossible que les EELVistes, même si on peut se demander s’il ne seraient pas plus légitimes à s’occuper de l’environnement qu’ils semblent avoir abandonné depuis au moins le sommet de Copenhague sans vraiment proposer de referendum ou de primaire ouverte aux Français sur l’abandon en rase-campagne du climat et de la biodiversité, aient mis le doigt sur, voire pris en main, un vrai sujet même si parler de « Yalta » semble un peu plus marketing qu’autre chose.
Au pire, entre le silence assourdissant de l’essentiel des représentants élus aux niveaux européen, national ou territorial, et les quelques voix de politiciens français protestataires surfant sur toutes les indignations pour un peu d’audimat pendant la campagne présidentielle en amont des … législatives qui sont leur objectif réel, on se dit que les pirates du net cherchent à instrumentaliser le mal-être des djeuns ou juste à garder la main à la saison froide avant les manifs de printemps et que sauf à être très parano et à voir la main invisible néfaste d’un marché toxique ou les tentacules de l’internationale complotante de Bilderberg partout, ce serait quand même étonnant que tous nos représentants du peuple bien payés pour siéger dans les assemblées nationales, européennes ou territoriales, conseils économiques sociaux et environnementaux nationaux ou régionaux et tutti quanti à notes de frais et régimes de retraite privilégiés se soient juste fait enfariner par quelques bons lobbyistes du grand Kapital et un quarteron d’apparatchiks liberticides. Quant à penser que ce si altruiste et sympathique M. Obama pourrait donner sa caution à la censure d’internet alors qu’il a un compte Twitter ou soutenir les ploutocrates actionnaires de l’industrie pharmaceutique apatride contre les malades des pays pauvres …
Mais on ne peut qu’être un peu inquiet de voir des organisations représentatives de leurs seuls intérêts surfer sur le mal-être des djeuns. Parce qu’on sait depuis Hitler et Pol Pot, entre trop d’autres d’autres, que c’est malsain et dangereux, même si cela peut sembler une bonne option à court terme autant pour les pirates que pour des partis qui n’auraient pas un fond de commerce électoral bien établi chez les protestataires transgénérationnels ou chez les électeurs de la génération des « pour ou contre Dreyfus » (ceux pour lesquels il y a des bus entre les hospices et les bureaux de vote le jour des élections), ceux de la génération « Toilettes sèches ou Rolex » qui viennent voter en panzer ou en Logan selon leurs goûts et couleurs figés au temps de la TV noir et blanc, et la génération Y qui ne sait pas où est son bureau de vote.
Quant à certains élus, on se demande parfois s’ils sont présents pendant les sessions de travail ou les votes avant l’arrivée des caméras de TV et ont bien conscience qu’il y a des citoyens contribuables qui vivent #InRealLife et qui ont des enfants.
Faute de mieux, puisque seul EELV semble s’intéresser au sujet parmi les partis politiques pas plus manipulateurs que la norme européenne actuelle et qu’aucun think tank francophone crédible n’a pris la peine d’écrire un papier de 2 pages non biaisé et compréhensible par un Bac+5 moyen, on peut regarder la vidéo de la députée européenne Sandrine Belier ou écouter les éléments de langage d’Eva Joly : l’une et l’autre ont l’honnêteté intellectuelle de signaler que la propriété intellectuelle et les droits d’auteur sont de vrais sujets qu’on ne peut pas adresser simplement en préconisant l’internet mega-libre et l’anarchie dans le cloud, même si elles sont moins convaincantes lorsqu’elles argumentent contre ACTA (et Hadopi etc… en filigrane) comme si c’était un genre de nuage nucléaire mortel pour la santé des petits enfants pauvres, l’agriculture à visage humain, le compte Twitter des grands enfants riches et la liberté en général, celle de l’information en particulier.
En même temps, même si on peut légitimement douter de la capacité de certaines institutions dites représentatives à préparer notre avenir ou même à savoir de quoi elles ne nous parlent pas tant elles nous rebattent les oreilles depuis des lustres de principe de précaution pour les barrières anti bébés nageurs autour des piscines ou contre les bactéries des fromages crus au concombre pendant qu’elles laissent quelques banquiers et anciens banquiers déstabiliser l’économie mondiale et nous promettent des lunes depuis longtemps contre le chômisme (choisi ou subi, c’est aussi destructeur pour la civilisation) et pour le logement des djeuns pendant que les boyards mangent des pâtes aux truffes dans des hôtels 5*, personne n’a de meilleures idées que la démocratie et l’Europe, alors ça rassurerait quand même si des élus européens de partis dits « de gouvernement » ou des apparatchiks de bon niveau hiérarchique prenaient la peine de promettre aux honnêtes citoyens électeurs d’Europe que le binz ACTA est sans danger pour leur page Facebook ou leur fil Twitter et que les djeuns se font un film de pirate téléchargé sur Megaupload.
Sinon, qu’au moins des Français un peu élus et/ou sérieux parlent d’ACTA entre deux promesses contre le mal-logement et convainquent les darons que c’est sans danger et les djeuns d’arrêter de faire du bruit dans la rue pour rien. Ou alors fassent leur boulot et bloquent le train emballé si le binz ACTA est vraiment inquiétant.
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© 12/2/2012 – Renaud Favier – (Comp&titivité) – renaudfavier.com – musique !
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Retour vers les e-books à (re)lire en 2012
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Retour vers café du matin à Paris qui, à la différence de #InRealLife et peut-être ACTA, ne réserve pas de mauvaise surprise.
Please, mind the gap click on the mug for English Speakers, anonymous or not.
Aller vers un excellent 2012 du dragon tant qu’il est encore de bon goût de le souhaiter.
Et surtout, bonne compétitivité parce que ACTA ou pas, nothing like a free lunch.